"Le tramway : une opportunité pour redynamiser le commerce du centre"

E.Deleval et A. Delbecq misent sur le tramway et des projets porteurs pour réveiller le centre-ville

Nous avons rencontré vendredi Éric Deleval, adjoint aux finances et au commerce, ainsi qu'Armand Delbecq, président de l'OFCAS, pour recueillir leurs impressions sur les conclusions de l'étude. Morceaux choisis.

Que vous inspirent les conclusions de cette étude ?

OAS_AD('Position1'); E. D. : «  Il n'y a pas de surprises sur le constat global. On pressentait la perception négative de la ville et du centre par beaucoup de gens. Quant au pouvoir d'achat des Bruaysiens, il ne va malheureusement pas s'améliorer... Les mots sont parfois très durs mais au moins les choses sont dites. Je me rends compte à quel point l'histoire de la ville pèse sur la situation actuelle. Bruay n'était qu'une juxtaposition de quartiers tous dédiés à l'extraction du charbon. Encore aujourd'hui, les gens ont du mal à identifier le centre... » A. D. : «  Je retiens que l'étude démontre que la Porte-Nord n'est pas l'ennemie des commerces du centre-ville. C'est le niveau de revenu des habitants qui le pénalise. Je reste persuadé qu'il faut chercher à établir des passerelles entre ces deux pôles commerciaux. »

Au-delà du constat, comment changer la donne ?

E. D. : «  On ne doit pas se satisfaire de la situation actuelle. La municipalité dispose pour ça d'un certain nombre de leviers qu'elle peut actionner pour améliorer l'attractivité et l'image du centre. Les élus ont mis en place un droit de préemption des cellules commerciales en centre-ville et dans le quartier de la Gare. Ce dispositif nous permet de veiller à ce qu'un commerçant qui part soit nécessairement remplacé par un autre. Nous ne sommes malheureusement pas assez riches pour nous porter acquéreurs de toutes les cellules vides et les aménager... C'est le problème du passage de la Flânerie où les propriétaires sont pour l'heure trop gourmands. » A. D. : « Les fonds FISAC existent également. Avec la mairie, l'OFCAS travaille main dans la main sur ce sujet. Cela a permis de financer des rénovations de vitrines et d'améliorer l'image du centre. Et comme je ne fais pas de sectarisme, j'invite les non adhérents à se tourner vers nous. Il faudra par ailleurs réfléchir à la problématique du stationnement, de la propreté, du mobilier urbain mais surtout, jouer la carte de la complémentarité avec la Porte-Nord. L'arrivée du tramway va être une vraie opportunité pour redynamiser le commerce du centre-ville. »

En quoi exactement ?

A. D. : «  Il va créer des passerelles entre les commerçants. » E. D. : «  Le tramway va drainer des flux de clients. Il conduira à des réaménagements piétonniers et à la réfection de voiries et trottoirs, qui seront élargis. Il faudra travailler la signalétique et la communication entre les deux pôles. »

Ça implique que le rôle de chaque pôle soit clairement défini... E. D. : «  Sans doute. Je crois qu'il ne faut pas mentir aux gens ni aux commerçants. L'achat d'une télé ou d'un micro-ondes au magasin du coin, c'est fini. Les gens se tournent pour ça vers les grandes surfaces. Ou alors c'est que le magasin en question est spécialisé haut de gamme. L'avenir des commerçants du centre-ville passera à mon avis par une plus grande spécialisation. Quitte à viser une clientèle extérieure plus riche grâce à la publicité. » A. D. : «  Trop de commerçants n'ont pas encore le réflexe de se dire que l'union fera la force de tous à Bruay. À l'OFCAS, on a décidé de tirer dans le même sens que la mairie. Continuer à assener que la Porte-Nord tue le commerce de centre-ville, c'est de la perte de temps. Et puis, si la zone ne se développe pas chez nous, elle ira le faire ailleurs... »

Comment voyez-vous l'avenir du commerce bruaysien ?

E. D. : « Il faut s'appuyer sur cette étude pour concrétiser nos projets de requalification des friches PO et SNCF. Il y aura de nouveaux habitants, avec plus de moyens, et de nouveaux commerçants à la clé. Plus de mixité sociale aussi, ça aussi ce sera positif pour les commerçants. L'implantation d'un conservatoire intercommunal dans les murs de l'hôpital Sainte-Barbe doit pouvoir s'accompagner de l'arrivée d'un magasin de musique. Le contournement de la ville et le réaménagement du schéma de circulation amélioreront le confort de la clientèle.  » A. D. : « Il faudra miser sur une politique d'animation culturelle ambitieuse. Personnellement, j'aimerais que Bruay s'inspire de l'exemple valenciennois. Jusqu'à preuve du contraire, on n'est pas plus bêtes qu'eux. »

La voix éco.com (l’information économique du Nord-Pas-de-Calais) - 08.02.2009 - A. DÉ.